La vieille chatte noire de la ferme n’a pas eu de chatons cette année. Pour éviter une surpopulation féline, je l’en ai empêchée. [D’ailleurs j’en ai 3 à donner !!!].
Poète, c’est son nom, et sa sœur Natacha, la siamoise, aiment bien les œufs et les poussins, pour arranger l’ordinaire… Comme tout bons chats de ferme, elles chassent mulots et souris, oiseaux trop peu méfiants ou affaiblis, et chipent de temps en temps des œufs dans les parcs de reproducteurs… je veille attentivement à ce qu’elles ne rentrent pas dans les bâtiments de jeunes car des poussins pourraient être tués.
Malencontreusement, la porte du couvoir mal refermée a laissé passer Poète qui s’est retrouvée nez à nez avec un bac d’éclosion rempli de poussins coqs, dont certains ont fait les frais d’une petite faim…
et puis…
quel miracle s’est-il passé alors ?
elle a pris délicatement dans sa gueule deux petits coqs et les a emmenés sous le roncier où elle loge habituellement ses chatons.
J’ai reconstitué tout cela par la suite, n’étant pas présente sur le coup, en entendant piailler le lendemain sous la haie où je découvrais Poète et ses deux fils adoptifs : Kokchat et Chatkok…
Touchée et stupéfaite par ce comportement inattendu chez une chatte aguerrie, j’ai aidé un peu la nature en mettant dans le logis à manger et à boire pour les poussins qui auront un peu de mal à téter…
Je n’ose pas croire que cela pourra durer longtemps, mais je me prends à rêver de voir un petit Koqchat courir après sa mère féline qui lui apprendra à chasser les souris, lui fera sa toilette à grands coups de langue râpeuse et ronronnera de bon cœur pour marquer son contentement d’avoir un aussi beau petit…
Le vendredi matin, l’oreille aux aguets d’un piou-piou, je n’entends rien et me dit que ça y est c’est fini, la nuit a été froide… mais surprise ! entre deux réponses à mes mails, j’entends le cri du poussin en détresse. Ils sont encore vivants ! Incroyable ! je descends du bureau en courant (mille excuses pour les coups de fil auxquels je n’ai pas répondu pendant ce temps là, mais c’était trop incroyable !) : Chatkoq manquait à l’appel mais il restait Kokchat qui braillait à pleins poumons car sa mère était partie sans lui !
L’après-midi, scène qui confirme l’adoptation totale de la chatte, si j’en doutais encore… : le petit sort de la cachette pour suivre sa mère en piaillant. La mère-chat revient et entreprend son éducation féline : un petit chat doit rester caché quand maman n’est pas là ; elle le prend par le cou et le ramène là où il doit être et avertit au passage sa sœur Natacha, fort intéressée par un potentiel casse-croûte, qu’il est hors de question de toucher à un cheveu de son « chaton »…
Samedi, Kokchat est toujours là, crie quand sa mère s’éloigne sans lui, et pépie doucement quand il peut se blottir contre elle… moi je n’en reviens pas… pour le moment je ne vais pas trop regarder le « nid » pour ne pas risquer qu’elle le déménage dans un endroit inconnu où je ne pourrais pas alimenter le poussin, ce qui explique l’absence de photos.
Sera-t-il encore là demain Dimanche ? Comment vont-ils apprendre à se comprendre, l’un parlant chat, l’autre poule ?
Je vous tiens au courant !